On a reçu une nouvelle lettre de la part Lukas, qui est enfermé dans la prison de Litomerice. Il y parle de l’importance de l’échange du courrier avec les personnes derrière les barreaux. Il mentionne aussi son compte en banque et il explique pourquoi il trouve que le soutien financier n’est pas le plus important. Enfin, Lukas décrit la situation avec la nourriture vegan qui, comme dans le cas de Martin, est très défavorable et non seulement pour son état de santé.
Ça m’arrive de me souvenir des moments collectifs d’écriture de lettres aux anarchistes emprisonné.es dans différents coins du monde qu’on organisait au centre Aténeo à Most. Et je ne peux pas non plus oublier l’ambiance des actions semblables à l’Infocafé Sale (à Prague) suite aux événements pendant lesquels la police a attrapé dans ses filets les camarades Ales Koci, Martin Ignacak, Petr Sova et Igor Sevcov. A l’époque, je comprenais déjà comment c’est important de communiquer à travers l’écriture de lettres avec les emprisonné.es, de les encourager et exprimer le soutien qu’on leur portait.
Maintenant, je me trouve de l’autre coté des barreaux. J’ai la possibilité de vivre réellement la situation dont je me faisais des représentations seulement floues. Et là, je confirme encore plus la conviction que l’écriture des lettres aux prisonnier.es a une grande importance. C’est encourageant pour l’emprisonné.e. Une seule lettre peut des fois apporter énormément de joie et d’énergie à la personne dans la cellule. Je veux donc vous demander de m’écrire des lettres et d’accorder cette même beauté à d’autres personnes emprisonnées. Vous pouvez m’écrire à l’adresse qui suit. Vous trouverez les contacts d’autres prisonnier.es auprès des collectifs de l’Anarchist Black Cross (ABC). Et n’oubliez pas que la prison écrase la dignité non seulement des soi-disant prisonnier.es « politiques », mais aussi de tou.te.s les autres. Illes vont sûrement apprécier une lettre et des nouvelles de l’extérieur. S’il vous plaît, ecrivez des lettres si vous en avez la possibilité.
Lukas Borl 1.3.1982
Vazebni veznice Litomerice
Veitova 1
412 81 Litomerice
République tchèque
J’ajoute mon compte bancaire en prison, où il est possible de m’envoyer des contributions financières :
6015-20632881/0710
820301/2763
(Note : ce compte ne fonctionne qu’avec des comptes de République tchèque, depuis l’étranger il faut utiliser le compte de l’ABC.)
J’ajoute quelques infos :
1) Je n’attends pas et je ne souhaite pas que vous m’envoyiez des grandes sommes d’argent. Si quelqu’un.e veut contribuer avec plus d’argent, je préfère que la somme soit divisée parmi plusieurs prisonnier.es. Ou que la personne soutienne l’ABC, l’Antifénix ou d’autres projets du mouvement anarchiste.
2) Je peux utiliser l’argent du compte seulement pour m’acheter des choses dans le magasin de la prison. J’achète des cartes de téléphone, des journaux, des enveloppes, des timbres, du café et quelques aliments vegans qu’on y trouve à une échelle assez restreinte.
3) Plutôt que l’argent sur le compte, j’apprécierais que vous achetiez les choses dont j’aurais besoin pour me les envoyer. Ecrivez-moi une lettre auparavant pour qu’on puisse voir ensemble ce qui me manque éventuellement au moment donné. Ce qui sera le plus demandé, ce seront sûrement toujours des bouquins et d’autres publications, les fournitures pour écrire des lettres (papiers, enveloppes, timbres, stylos) et des produits d’hygiène. Je vais encore plus apprécier des choses qui n’ont pas été achetées, mais qui ont été acquises de manière « subversive ».
La lutte pour la nourriture vegan à la prison de Litomerice
Depuis le début de ma détention, je demande à recevoir de la nourriture vegan. Mais je reçois toujours de la nourriture avec une grande teneur en viande, en œufs et en « produits » laitiers. Donc, je mange à peu près un tiers des repas en prison. Le règlement de la prison dit que la prison tient compte des traditions culturelles d’alimentation des prisonnier.es, mais d’après ma propre expérience je sais que c’est juste une phrase vide que personne ne prend en compte.
Il y a cinq jours, j’ai parlé avec l’adjoint du directeur. Il prétendait qu’illes ne peuvent me donner que de la nourriture végétarienne et non une nourriture vegan. Jusqu’à présent je n’ai rien du tout. Je trouve l’argumentation contre la nourriture vegan hypocrite. Apparemment, illes ont un budget restreint pour les repas d’un.e prisonnier.e et la nourriture vegan ne pourrait pas rentrer dans celui-ci. Absurde ! Je ne leur demande rien en plus. Je veux seulement qu’illes n’ajoutent pas des cadavres et des « produits » animaliers dans les matières végétales qu’illes utilisent d’habitude. Avec un effort minimal, ça ne doit pas forcément être financièrement plus lourd que de la nourriture non-vegan.
L’adjoint a voulu me convaincre que le budget limité ne permet pas d’acheter une nourriture vegan qui correspondrait aux normes nutritionnelles exigées. Encore une absurdité ! Un repas vegan nutritionnellement équilibré peut être cuisiné à partir d’un mélange de fruits, de légumes, de noix, de céréales et de légumineuses. Donc à partir des aliments qui n’ont pas forcément un prix d’achat plus élevé que les « produits » à base de viande, de lait et des œufs.
Là, l’hypocrisie est clairement énorme. Illes disent qu’illes sont obligé.es de me donner un repas équilibré, mais illes me donnent un repas non-vegan en sachant que par rapport à mon éthique vegan, je ne mangerai pas les deux tiers du plat. Donc je n’aurai pas une nourriture équilibrée.
Où est-il donc ce respect des traditions culturelles d’alimentation des prisonnier.es, quand maintenant illes me disent que je dois soit accepter leur culture qui tue et force les animaux soit avoir faim ? Les hypocrites d’un tel niveau m’inspirent de la colère. Illes peuvent être sûr.es que ma colère explosera dans la bonne direction. Contre elleux et contre l’oppression institutionnelle qu’illes favorisent.
Une pression sur les administrations peut être réalisée de plusieurs manières. Même sans un théâtre bureaucratique inutile. On sait tou.te.s que ça sert au final surtout à ce que le système paraisse légitime. Pourtant il est illégitime déjà dans son principe de base.
Déployons tous les efforts pour que la nourriture vegan me soit assurée, ainsi qu’à tou.te.s les vegans.
Pas de compromis dans la lutte contre celleux qui tuent et forcent les animaux.
Pas de concession envers celleux qui proclament qu’on doit choisir entre le soutien à cette violence et la faim.
Continuez la lutte pour la nourriture sans souffrance. Elle va continuer jusqu’à ce qu’elle soit accomplie !
Lukas Borl – 18 septembre 2016 – Depuis la prison pour les détenu.es de Litoměřice